Flûtes, Voix et Orgue

Le 22 juillet à 20 h 00, Flûtes Voix et Orgue, Eglise des Récollets, Saverne.

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Le Programme

Balleto del Granduca Jan Pieterszoon Sweelinck
Vous êtes belle Claude Le Jeune
En m'oyant chanter Claude Le Jeune
J'ayme le cueur Claudin de Sermisy
Si je vis en peine Claudin de Sermisy
Si vous n' êtes Roland de Lassus
La mort est jeu Roland de Lassus
Un jour étant seulet Claude Le Jeune
Fantaisie chromatique Jan Pieterszoon Sweelinck
O vrai Dieu Antonio Gardano
De jour en jour Antonio Gardano
Vidi hor cogliendo rose Anonyme
Danses Anonyme
Mon cœur se recommande à vous Roland de Lassus
Un doulx regard Clément Janequin
O passi sparsi Sebastian Festa
Fantaisie en écho Jan Pieterszoon Sweelinck
Virgine bella Bartolomeo Tromboncino

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Présentation du programme

Genre littéraire et musical très en vogue à la Renaissance, la chanson participe d'une émancipation des poètes et des musiciens par rapport à l'autorité cléricale et religieuse qui a imprimé sa loi durant des siècles. Thématiques profanes, morales, politiques voire résolument tournées vers la vie quotidienne, côtoient l'héritage courtois des troubadours du Moyen-âge.

Les lignes mélodiques exploitent au maximum les effets expressifs des textes poétiques, dus, pour la plupart, aux plus grands auteurs de l'époque.

Un Doulx Regard a choisi pour ce concert d'illustrer quelques uns de ces auteurs, auxquels les plus grands musiciens du XVIè siècle ont prêté leur talent. Josquin et De La Rue mettent en musique les événements importants de la vie de Marguerite d'Autriche, figure politique majeure et mécène passionnée du début du siècle. Le Jeune, Lassus ou Janequin mettent en musique les vers de Clément Marot, lui-même traducteur de l'Italien Pétrarque et créateur du courant littéraire majeur de la Renaissance française dont se réclameront Ronsard ou Du Bellay : le Pétrarquisme. Grâce à eux, c'est l'Italie toute entière qui est remise à l'honneur, et le madrigal, genre musical nouveau, fait ses premiers pas en France.

Les musiciens cherchent à amplifier la force expressive des poèmes grâce à la conduite des lignes mélodiques, superposées en une polyphonie dont la densité structurelle permettra au fil du temps l'émancipation instrumentale et l'élaboration des règles harmoniques des siècles suivants. Véritable laboratoire de recherches et d'expérimentations musicales, la chanson est au XVIème siècle une sorte de miniature concentrant tout le pouvoir expressif de l'art du musicien.

Surnommé l'"Orphée d'Amsterdam" ou "Prince des Musiciens", Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621), organiste et compositeur de génie, trouve naturellement sa place dans ce programme consacré aux grands de la Renaissance. Membre d'une dynastie d'organistes de renom (son père le précéda et son fils lui succédera au poste de titulaire de l'orgue d'Oude Kerk (la vieille église) d'Amsterdam, Sweelink excelle par ses talents d'improvisateur. Musicien parfaitement intégré à son époque, ses préoccupations créatrices se rapprochent de celles de ses contemporains : l'Italie, source d'inspiration (Balletto), la recherche d'un art de la composition centré sur l'expressivité (Fantaisie Chromatique ou en Echo), et l'art de la variation sur des thèmes profanes et populaires (Mein junges Leben).

L'imaginaire du Neerlandais Sweelink rejoint celui des Français Le Jeune, Sermisy ou Janequin et des italiens Lassus, Festa et Tromboncino dans une même dynamique : écrire une musique nouvelle, imprégnée de poésie, de rythme et de chant, expression des courants internes traversant le siècle et annonciatrice des évolutions à venir.

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Ung jour, estant seulet à la fenestre,
Vy tant de cas nouveaulx devant mes yeulx,
Que de tant voyr fasché me convint estre.
Si m'apparut une Bische à main dextre
Belle pour plaire au souverain des Dieux.
Chassée estoit de deux chiens envieux,
Ung blanc, ung noir, qui par mortel effort
La gente beste aux flans mordoient si fort
Qu'au dernier pas en brief temps l'ont menée
Cheoir soubz ung roc ; et là, la cruaulté
De mort vainquit une grande beaulté,
Et souspirer me feit sa destinée.

Petrarque, traduit par Marot

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